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Mahamat-Saleh Haroun : Les Culs-Reptiles
Roman - Sélection Prix Louis-Guilloux 2022
Bourma Kabo ne veut plus être un « cul-reptile », surnom donné ici à ceux qui tiennent les murs, ou plutôt squattent les nattes, en jouant aux cartes, critiquant l’actualité du pays, oisifs et résignés. Cet habitant de Torodona, ville fictive d’un pays sahélien, est désormais prêt à tout pour trouver un emploi. Alors quand il entend un communiqué gouvernemental pour le recrutement de nageurs en vue de la création d’une fédération nationale, il fonce. Il ne sait pas nager ? Un détail, il apprendra ! Mais les choses se corsent quand il se voit imposer de représenter son pays quatre mois après aux Jeux Olympiques... C’est une histoire vraie qui a inspiré ici les aventures de cet anti-héros : l’épopée extraordinaire d’ Éric Moussambani, nageur équatoguinéen, qui n’avait jamais pu s’exercer dans un bassin de plus de 20 mètres avant une prestation mémorable en 2000 à Sydney. Bien au-delà de ce qui ressemble à première vue au pitch efficace d’un feel-good movie, Mahamat-Saleh Haroun, par ailleurs cinéaste reconnu et ancien ministre déçu, nous livre surtout ici une critique émouvante, impitoyable et pleine d’esprit du Sahel, des dérives de l’État et de ses bannis.
- Marie-Anne
Gallimard, 19 €
Ce roman est en lice, aux côtés de neuf autres ouvrages, pour le prix Louis-Guilloux 2022. Porté par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, il récompense un auteur dont le roman s’inscrit dans la lignée littéraire de l’écrivain briochin. Les critères de sélection portent sur l’excellence de la langue, les qualités romanesques du récit, l’acuité et la lucidité du regard posé sur les êtres, et la dimension humaine d’une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l’individu au profit d’abstractions idéologiques.
